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Focus sur l'orgasme féminin

La littérature scientifique ne donne, à ce jour, pas de définition unanime de l'orgasme féminin. Ceci s'explique notamment par le fait que les études portent actuellement plutôt sur les facteurs physiologiques qui mènent à l'orgasme que sur la sphère psychologique. Dès lors, l'orgasme féminin est un concept complexe à appréhender. Cependant, lorsque l'on parcourt l'histoire de l'orgasme, on constate une dualité entre l'orgasme "clitoridien" et l'orgasme "vaginal" auquel s'ajoute la polémique autour du point G. Toutefois, les avancées scientifiques démontrent que le clitoris est le seul organe uniquement dédié au plaisir et serait à l'origine de chaque orgasme.


Quoi qu'il en soit, l'orgasme est physiologiquement décrit par "des contractions plus ou moins longues et puissantes du tiers inférieur du vagin, toute les 0,8 secondes accompagnées du ballonnement des deux tiers supérieurs du vagin" et cela ne diffère pas selon que la stimulation soit vaginale ou clitoridienne. Notons tout de même que l'orgasme clitoridien est obtenu par stimulation sous forme de frottements alors que les terminaisons nerveuses vaginales sont plutôt sensibles à la pression.



Par ailleurs, les stimulations clitoridiennes et vaginales semblent être complémentaires dans l'atteinte de l'orgasme. En effet, une étude menée auprès de 2260 femmes a montré que la propension à l'obtention d'un orgasme augmente de 49, 6% pour un coït seul à 85,6% pour un coït avec stimulation manuelle et orale.


Quoi qu'il en soit, cela nous apprend que la stimulation du clitoris et donc la pratique de préliminaires contribuent à l'obtention de l'orgasme. En plus de ces diverses pratiques, des facteurs liés à la relation entrent également en jeu. Une étude allemande, étayée sur 1641 femmes sexuellement active dans des relations hétérosexuelles, explique que la fréquence des rapports sexuels, la satisfaction ressentie dans la relation, le sentiment de se sentir aimée et proche de son partenaire sont des facteurs ayant un impact les uns sur les autres et, qu'ensemble, ils jouent un rôle dans la probabilité de ressentir un orgasme.


Les études tendent à montrer que le trouble de l'orgasme, aussi appelé anorgasmie, touche 25% à 30% de la population féminine sexuellement active. Ce trouble est nettement moins présent dans la population masculine et en représente entre 8 et 14%. On a référencé diverses causes à ce trouble. Ces dernières peuvent être classées sous 5 catégories :


  1. Les cognitions : pensées et croyances que la personne se fait au sujet de la sexualité et de l'orgasme. Il peut s'agir de méconnaissances, d'absence de pensées érotiques, d'une perception négative de l'image du corps, etc.

  2. Les facteurs physiologiques : prise de certains médicaments, conséquences de certaines interventions chirurgicales, maladie mentale ou physique, problème neurologique ou endocrinien.

  3. Les émotions : culpabilité, répugnance, anxiété, manque de sécurité, colère, découragement, craintes sont des sentiments souvent cités par les patient(e)s souffrant d'anorgasmie.

  4. Les comportements : évitement, rapports sexuels consentis mais non désirés, absence de réceptivité, détachement, focalisation sur les zones érogènes, masturbation ressemblant peu au coït, mauvaise gestion des tensions musculaires.

  5. Les facteurs environnementaux : relation conjugale difficile, surinvestissement d'une relation extra-conjugale, stimulation non adéquate de la part du partenaire, présence d'une autre dysfonction sexuelle (souvent un désir sexuel hypo-actif).


Face à ces causes multiples, il n'existe pas de "recette miracle" pour vaincre l'anorgasmie. Par contre, les études ont pu développer certains outils qui pourront aider les personnes souffrant d'anorgasmie. On peut, par exemple, citer l'apprentissage d'une masturbation proche du rapport sexuel, la focalisation sur les sensations ressenties sur les zones érogènes mais également les autres parties du corps, l'apprentissage du mouvement de la bascule, le développement du lâcher-prise, le développement des pensées érotiques et des fantasmes, la combinaison des stimulations, l'apprentissage de nouvelles positions, etc. Les pistes de solution sont donc nombreuses et adaptables à chaque personne en fonction des causes individuelles de sa problématique.


En résumé, il n'existe pas de définition universelle de l'orgasme mais les études ont pu déterminer les facteurs physiologiques qui le sous-tendent. Une partie considérable de la population féminine souffre d'anorgasmie. Ce trouble est, la plupart du temps, causé par une multitudes de facteurs et ces derniers peuvent être travaillés et contrés par divers exercices. L'anorgasmie n'est donc pas une fatalité ! De plus, il nous semble essentiel de rappeler que l'orgasme n'est pas un objectif à atteindre à tout prix et qu'une sexualité peut se vivre sans obtention systématique de l'orgasme.




Idées de lecture :



Bibliographie :


Adam, F., Thoveron, M., Day, J., & de Sutter, P. (2015). Comprendre l’orgasme féminin afin de mieux appréhender le trouble de l’orgasme chez la femme. Sexologies, 24(4), 155-162.


Cerwenka, S., Dekker, A., Pietras, L., & Briken, P. (2021). Single and Multiple Orgasm Experience Among Women in Heterosexual Partnerships. Results of the German Health and Sexuality Survey (GeSiD). The journal of sexual medicine, 18(12), 2028–2038.

Hayes, R. D., Dennerstein, L., Bennett, C. M., & Fairley, C. K. (2008). What is the “true” prevalence of female sexual dysfunctions and does the way we assess these conditions have an impact?. The journal of sexual medicine, 5(4), 777-787.

Lewis, R. W., Fugl‐Meyer, K. S., Bosch, R., Fugl‐Meyer, A. R., Laumann, E. O., Lizza, E., & Martin‐Morales, A. (2004). Epidemiology/risk factors of sexual dysfunction. The journal of sexual medicine, 1(1), 35-39.

Mah, K., & Binik, Y. M. (2001). The nature of human orgasm: a critical review of major trends. Clinical Psychology Review, 21(6), 823-856.


Richters, J., de Visser, R., Rissel, C., & Smith, A. (2006). Sexual practices at last heterosexual encounter and occurrence of orgasm in a national survey. Journal of sex research, 43(3), 217-226.

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